Rien de plus banal que des fans hystériques à des concerts de rocks stars. Sauf si la rock star en question n'existe pas. Portrait de la nouvelle star japonaise.

Hatsune Miku est l'étoile montante de la J-pop, la scène pop japonaise. Belle jeune femme de 16 ans, elle mesure 1,58 m pour 42 kg... enfin, en théorie. Si la mélodie entraînante de ses chansons s'accorde parfaitement à la tonalité bleu fluo de ses cheveux, Hatsune Miku n'est pas vraiment à 

l'image de ce que chantait Hélène, une fille comme les autres. Elle est un avatar virtuel créé par la société Crypton Media et sa voix provient du logiciel de synthèse vocale Vocaloid, édité par Yamaha. Ce qui ne l'empêche pas de truster les premières places du hit parade japonais. Et de remplir à guichets fermés les salles de concerts où elle (ou plutôt son hologramme en 3D) se produit.

Vocaloid n'était initialement qu'un logiciel permettant à des compositeurs en herbe de faire chanter leurs compositions par différents avatars. Chacun de ceux-ci, doté d'une voix, d'une apparence et d'une personnalité distincte, était disponible en supplément du programme pour la modique somme de 15'000 yens (soit près de 200 CHF). Mais l'avatar de Hatsune Miku a atteint une telle popularité que l'image de la jeune femme a été utilisée pour une multitude de produits dérivés, de la crème dessert au jeu vidéo.

Crypton, la société détentrice de la technologie Vocaloid, a alors eu une idée de génie : créer un répertoire musical officiel pour Hatsune Miku. L'idole virtuelle a d'abord entonné des classiques japonais à la sauce Vocaloid, puis des chansons originales ont été écrites pour elle. Le morceau qui a le mieux marché est «Miku Miku ni shite ageru», littéralement «Je serai Miku Miku pour toi», déjà un must du karaoké au pays du soleil levant. 

S'il semble difficile de croire que les ados japonais puissent s'identifier à une telle chanteuse, le succès est pourtant au rendez-vous pour Hatsune Miku. A tel point que des concerts ont été organisés et pris d'assaut par les fans. Et devant un public bien réel et survolté, l'hologramme de Hatsune Miku fait le spectacle et assure tout aussi bien que Lady Gaga ou Madonna. L'ambiance est au rendez-vous. Et pas besoin d'espérer que Hatsune ne prenne pas la grosse tête prochainement. Gérer les caprices de sa star ne doit pas être très difficile pour son pygmalion Crypton Media. Sauf imprévu technique...